19 décembre, 2022

Pour tendre vers la neutralité carbone, la forêt doit être gérée durablement !


La Journée mondiale du climat du 8 décembre vise à faire prendre conscience de la triste réalité du réchauffement climatique et de la nécessité d’agir afin d’en limiter les effets. En ce lendemain de COP27, nombreux sont ceux qui ont jugé décevantes les conclusions et actions mises en place. Pourtant les objectifs sont toujours là : limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré à l’échelle mondiale et atteindre, au sein de l’Union européenne, la neutralité carbone d’ici à 2050. 

Le rôle clé de la forêt : séquestration du carbone mais aussi stockage et substitution !

Face à ce défi majeur, n’oublions pas le rôle indispensable de la forêt pour atténuer les effets du changement climatique et tendre vers nos objectifs de neutralité carbone. Tout d’abord, la photosynthèse responsable de la croissance de l’arbre permet de stocker le CO2 dans le tronc, les branches, les feuilles mais aussi les racines, le sol, la litière et le bois mort. La forêt agit en tant que pompe à carbone, qui séquestre plus de CO2 qu’elle n’en émet. Mais ces bénéfices ne s’arrêtent pas à la lisière du bois !

Si l’on a tous en tête le fait que la forêt capte le CO2, on oublie souvent son rôle en matière de stockage et de substitution. C’est d’ailleurs un point de clivage fort entre certains scientifiques, ceux qui ont une approche globale et ceux qui se restreignent aux effets de séquestration en forêt. Pourtant, la capacité de stockage carbone s’étend également aux produits bois, qui conservent cette qualité tout au long de leur vie. Par ailleurs, le bois constitue une alternative aux matériaux polluants et fortement carbonés ou aux énergies fossiles, permettant ainsi de minimiser les émissions de CO2 dans l’atmosphère. 

La forêt, salvatrice mais aussi victime en première ligne du changement climatique 

L’ensemble des bénéfices apportés par la forêt en matière de carbone, connus sous l’appellation des « 4S » - séquestration, stockage et substitutions (matériau et énergie), s’ajoute à son rôle clé en matière d’accueil de la biodiversité, de conservation des sols, de préservation de la qualité des eaux. Ainsi, la forêt et l’ensemble de la filière forêt bois occupent indubitablement une place centrale, au cœur de nos enjeux climatiques. En France, nous avons d’ailleurs la chance de bénéficier d’une surface forestière de près de 17 millions d’hectares qui depuis deux siècles s’accroit d’années en années, très diversifiée en termes d’essences et d’écosystèmes. 

Malheureusement, revers de la médaille, cette place centrale est également synonyme d’une forme de vulnérabilité : les forêts subissent également de plein fouet les effets du changement climatique. Tempêtes, pathogènes, sécheresse et incendies… sont autant de facteurs qui mettent nos forêts en péril. Du fait d’un stress à la fois hydrique et thermique, la croissance biogénique des arbres est ralentie, et de facto, le rôle de protection de la forêt face au changement climatique est fragilisé. En effet, capacité d’atténuation, état de santé et préservation des fonctions écologiques de la forêt sont intimement liés. 

Une gestion durable pour protéger la forêt et bénéficier de ses atouts 

Face à cette vulnérabilité, certains souhaiteraient mettre la forêt sous cloche et brider toute intervention quelle qu’elle soit. Pourtant, au-delà d’accentuer notre dépendance à la ressource bois récoltée à l’étranger, cela augmenterait sa vulnérabilité face aux aléas du changement climatique et en particulier face aux incendies, tout en faisant rapidement baisser ses capacités de séquestration de carbone ! 

Au contraire, l’intervention de sylviculteurs professionnels, au moyen de pratiques durables et respectueuses de la forêt, est incontournable. Conscients du rôle qu'ils ont à jouer et de leur responsabilité vis-à-vis de la préservation de l’environnement et vis-à-vis de la société, ces derniers savent s’investir au quotidien pour une gestion la plus fine et intelligente possible, en préservant l’avenir. Cette gestion durable permet de maintenir la diversité biologique des forêts, leur productivité et leur vitalité, en assurant le renouvellement des peuplements. Il s’agit également de maintenir et de trouver un juste équilibre entre les services rendus par la forêt, qu’ils soient écologiques, sociaux ou économiques. 

Ainsi, la gestion durable constitue la seule voie permettant de protéger la forêt et bénéficier de ses atouts en tant que puits de carbone, fournisseur d’un matériau durable et d’une énergie renouvelable. Dans un contexte de lutte globale contre le changement climatique, donnons les moyens à nos forestiers et professionnels de la forêt de préserver ces bénéfices ! En parallèle, un ensemble d’efforts de réduction de notre dépendance aux énergies fossiles et de décarbonation de nos industries et de la société sont à mener. Si la neutralité carbone s’appuie en partie sur l’augmentation des puits de carbone, tous les efforts ne pourront reposer uniquement sur la forêt. 

Antoine d’Amécourt
Président de Fransylva

Derniers articles de la Fédération

Partager