Forêt et forestiers > Comment est gérée la forêt ?


Code forestier, autorisations de coupe, obligation de renouvellement

Tout comme en forêt publique, la gestion forestière privée est encadrée par le code forestier. Par exemple, les coupes d'un seul tenant au-dessus d’un certain seuil de surface, enlevant plus de 50 % du volume des arbres de futaie (article L 124-5 du code forestier), sont soumises à autorisation du préfet de département (en pratique, Direction Départementale des Territoires et de la Mer).

En l'absence d'une régénération ou reconstitution naturelle satisfaisante suite à une coupe rase sur une certaine surface (article L 124-6 du code forestier), le propriétaire est tenu de prendre les mesures nécessaires au renouvellement du peuplement dans un délai de cinq ans à compter de la date de début de la coupe définitive et dès lors que cette coupe est réalisée dans un massif forestier d’une certaine surface.

Tous les seuils de surface précités sont fixés pour chaque département par le préfet.

Les documents de gestion durable

Essentiels pour assurer le rôle multifonctionnel de la forêt, les documents de gestion durable (DGD) garantissent une vision de long terme dans la conduite des actes sylvicoles. Seul ou accompagné de son gestionnaire, le propriétaire définit ses objectifs et les moyens d’y parvenir sur 10 à 20 ans : produire du bois, abriter la biodiversité, chasser… Ces documents sont également essentiels au moment de la transmission du patrimoine forestier : le repreneur ou l’héritier bénéficie d’une mémoire écrite des actions engagées sur les décennies précédentes.

Les documents de gestion durable permettent aussi d’obtenir en une seule fois toutes les autorisations nécessaires aux coupes prévues (code forestier et autres réglementations : sites Natura 2000, Espace Boisé classé des Plans Locaux d’Urbanisme…).

Tous les documents de gestion durable des forêts privées doivent être agréés par le Centre Régional de la Propriété Forestière conformément au Schéma Régional de Gestion Sylvicole.

En forêt privée, le Plan Simple de Gestion est le document de gestion durable obligatoire à partir de 25 ha. Il contient une description du contexte naturel, des enjeux (économiques, environnementaux, sociaux), des peuplements forestiers et un prévisionnel des coupes et travaux sur 10 à 20 ans.

Pour bénéficier de certaines mesures fiscales, il peut être obligatoire de doter sa forêt d’un DGD, même en dessous de 25 ha.

Pour les propriétés de moins de 25 ha, des DGD plus simples existent (Règlement Type de Gestion – en lien avec un gestionnaire ; Code de Bonnes Pratiques Sylvicoles – indépendant) ; ils doivent aussi contenir un programme des coupes et travaux.


Les certifications forestières de gestion durable

Des labels peuvent être affichés sur les produits à base de bois pour certifier que le bois est issu de forêts gérées durablement. Pour bénéficier de ces labels, il est nécessaire d’adhérer à une certification (PEFC, FSC), de gérer conformément au standard de cette certification et de se soumettre aux audits qui sont organisés.

Disposer d’un document de gestion durable fait partie des obligations. Les entreprises qui achètent le bois aux propriétaires et qui affichent le label sur les produits doivent aussi être certifiées (en tant que maillon de la chaîne de contrôle).



Les futaies régulières et irrégulières

Les arbres des futaies sont issus de plants ou de graines, contrairement aux rejets de souche des taillis.

En futaie régulière, tous les arbres ont à peu près le même âge.
La régénération peut être naturelle, dans ce cas les arbres semenciers sont récoltés en deux ou trois fois après que les jeunes semis se soient installés. Si la régénération naturelle n’est pas suffisante, ou plus adaptée aux conditions de sol et de climat, les forestiers procèdent à des plantations en plein ou en complément.

Après la coupe définitive (ou coupe rase), les jeunes semis ou plants doivent faire l’objet d’attentions particulières car la concurrence herbacée et arbustive pour la lumière est rude. Cette phase de travaux de dégagements, voire de taille de formation, dure en moyenne 10 ans selon les essences. La vie des arbres est marquée par une série d’éclaircies réalisées au profit d’un nombre de plus en plus réduit de tiges de qualité jusqu’à obtenir en fin de cycle 100 à 300 arbres par hectare, selon l’âge d’exploitabilité de l’essence, qui feront l’objet de la récolte. Ainsi la densité des arbres est divisée par au moins 10 entre le jeune âge et la maturité car ils ont besoin de plus en plus de place tant au niveau des branches que des racines.

Sylvain Gaudin © CNPF

En futaie irrégulière, tous les âges, toutes les grosseurs et hauteurs cohabitent.

Maintenir une bonne répartition de ces catégories est nécessaire pour assurer le renouvellement continu de la futaie. Les coupes jardinatoires prélèvent à la fois des gros et des moyens bois, au profit des plus beaux sujets, sur toute la surface de la forêt ainsi traitée. Ce mode de gestion est économiquement possible si on peut trouver de la qualité dans chaque catégorie de grosseur. Les travaux d’entretiens de la régénération naturelle sont tout aussi importants qu’en futaie régulière, et celle-ci est répartie dans toute la forêt. Le dosage de la lumière nécessaire pour l’installation des semis varie en fonction des essences. Ce mode de gestion, bien que minoritaire, prend de l’ampleur en forêt privée française car il assure un revenu et un couvert continu.

En forêt privée, il arrive souvent que les peuplements n’aient pas été strictement gérés selon ces principes, ou soient l’héritage d’un ancien principe de gestion. Quand un peuplement est partiellement irrégulier en catégories de grosseurs, avec une bonne proportion de bois moyens, il est envisageable de le convertir en futaie irrégulière, en favorisant les plus beaux arbres et en permettant l’installation de régénération.


Le taillis et les mélanges futaie-taillis

Le principe du taillis consiste à couper les brins des souches, tous les 20-25 ans, pour récolter du bois de chauffage ou faire des piquets. Ils sont aussi appréciés dans les forêts ayant un objectif cynégétique car ils fournissent nourriture et abris touffu aux animaux. Dans les taillis, plusieurs brins partagent le même système racinaire. Ce mode de régénération végétatif concerne essentiellement les feuillus. Quand les souches sont anciennes, la croissance décline et il faut envisager de renouveller la forêt.

En forêt privée, il n’est pas rare que taillis et futaie soient mélangés du fait d’un ancien principe de gestion, le taillis sous futaie. On trouve ainsi des tiges de franc-pied, issues de graines, qui ont réussi à se faire une place entre les souches de taillis. Ces « réserves » sont souvent de meilleure qualité (tronc droit, sans risque de pouriture au pied).Elles poussent au départ moins vite que les brins de taillis qui bénéficient de leur gros système racinaire, mais les dépassent ensuite. Si le peuplement contient suffisamment de tiges de franc pied de qualité ou de brins issus de taillis qui se sont individualisés, il est possible de l’orienter vers la futaie en éclaircissant progressivement les tiges de qualité identifiées.
On parle de conversion du taillis en futaie.

Olivier Martineau © CNPF




En forêt, il y a du monde ! Chacun peut sans doute aisément se représenter un bûcheron et ses outils ... mais les hommes et les femmes qui travaillent au service de la forêt sont nombreux et ont des métiers très différents.